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Pourquoi change-t-on d’heure deux fois par an ?

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Dans la nuit du samedi 24 mars au dimanche 25 mars, on changera d’heure pour la première fois cette année en France, pour passer de l’heure d’hiver à l’heure d’été. Durant cette nuit-là, nous devrons en effet décaler nos réveils et nos horloges d’une heure, puisque à 2h du matin, il sera 3h ! C’est généralement le changement d’heure que nous aimons le moins, puisque nous perdons une heure de sommeil par rapport au cycle horaire que nous suivons depuis le passage à l’heure d’hiver, qui a eu lieu en octobre 2017. Et pourtant, c’est chaque année la même chose, avec deux changements d’heure par an, toujours à peu près à la même époque ! Alors, d’où vient ce changement d’horaire ? Pourquoi a-t-il été créé ? Est-il encore utile aujourd’hui ? Nous allons vous expliquer tout ça !

Décaler les heures, une idée venue de Benjamin Franklin !

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(Source photo) L’idée de décaler les horaires afin de pouvoir économiser de l’énergie apparaît pour la première fois le 26 avril 1784 dans le Journal de Paris, le tout premier quotidien français. C’est un article écrit par l’homme politique, physicien et grand inventeur américain Benjamin Franklin qui soumet cette idée, totalement novatrice pour l’époque. Toutefois, personne n’en tiendra compte à ce moment-là, et cette idée restera aux oubliettes jusqu’aux XXème siècle.

A partir de 1907, l’idée resurgit de nouveau via William Willet, un inventeur et homme d’affaire britannique qui lance une grande campagne au sujet de l’économie d’énergie. Il fait imprimer une brochure qu’il nomme « Gaspillage de la lumière du jour » où il explique en quoi ce décalage d’horaire serait bénéfique pour arrêter de gaspiller de l’électricité.

Toutefois, ce n’est qu’à partir de 1916 que ce concept d’heure d’été est réellement mis en place, en Allemagne tout d’abord le 30 avril, puis au Royaume-Uni le 21 mai et en France par une loi votée le 19 mars 1917. Les Etats-Unis finissent par s’y mettre également, en 1918, tandis que le reste de l’Europe attendra plusieurs dizaines d’années pour instaurer ce changement d’heure : en 1966 pour l’Italie et pour l’Irlande, et à partir de 1980 pour les autres pays européens.

Le changement d’heure disparaît sous la 2nde Guerre Mondiale

Paris, Parade deutscher Panzer

(Source photo) A partir du 22 juin 1940, la France est en partie occupée par les allemands, et la zone occupée se met alors à l’heure allemande, alors que le pays était jusqu’à présent basée sur l’heure du méridien de Greenwich. Il faudra donc rajouter 2 heures durant la période estivale et 1 heure pendant la période hivernale, tandis que la zone libre de la France reste, elle, à l’heure de Greenwich.

Toutefois, cela pose pas mal de soucis logistiques, notamment au niveau des horaires des trains avec la SNCF qui, au sein d’un même pays, doivent se caler sur deux réseaux horaires différents. Ainsi, les trains en provenance de la zone libre sont systématiquement en retard d’une heure dans la zone occupée. Et, lorsqu’ils partent de la zone occupée, ils se retrouvent bloqués durant une heure au moment de franchir la ligne de démarcation qui sépare les deux zones, pour arriver à l’heure prévue en zone libre. La SNCF demande donc au Régime de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain, de mettre tout le pays sur le même créneau horaire, afin d’éviter tous ces problèmes. Et c’est ainsi que, le 16 février 1941, toute la France passe sur l’heure allemande.

A la fin de la Guerre, après la Libération de toute la France, un Gouvernement provisoire est installé, et ce dernier décrète l’abandon de l’heure d’été, mais décide de rester sur l’heure allemande. La France n’a donc plus qu’une heure de décalage par rapport à Greenwich. Au départ, il était prévu que tout le pays repasse à son ancienne heure, mais cela n’a finalement pas été fait, et nous sommes, encore aujourd’hui, sur le même créneau horaire que l’Allemagne, alors que, géographiquement, nous ne sommes pas sur le même fuseau horaire.

Retour du changement d’heure avec le Choc Pétrolier de 1973

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(Source photo) En 1973 a lieu le premier choc pétrolier, une crise mondiale liée au prix du baril de pétrole qui flambe aux Etats-Unis depuis 1971. Les différents gouvernements mondiaux sont alors obligés de mettre en place des politiques d’économie d’énergie, afin de baisser au maximum le coût des éclairages électriques, principalement en soirée. Ils décident alors de remettre en place le changement d’heure d’été le 28 mars 1976, changement qui est censé rester uniquement pendant la durée du choc pétrolier… mais qui perdure encore de nos jours !

Ce changement d’heure est fixé de la façon suivante : le pays passe en heure d’été dans la nuit du dernier dimanche du mois de mars, où on avance l’horloge d’une heure. Ainsi, à 2h du matin, il sera finalement 3h. De même, lors du passage à l’heure d’hiver, qui a lieu pendant la nuit du dernier dimanche du mois d’octobre, on recule la pendule d’une heure, pour que, à 3h, il soit finalement 2h.

Une harmonisation des dates de changements d’heure d’été a été demandée par l’Union Européenne à tous les états membres en 1998, dans le but de rendre les échanges de flux, de transports et d’informations plus simples entre les différents pays. Toutefois, plusieurs pays tels que les pays proches de l’Equateur, mais également l’Islande, la Chine (depuis 1992), la Turquie ou la Russie (depuis 2011) par exemple, ne font pas ou plus de changements d’horaires durant l’année, et la question se pose d’ailleurs dans de nombreuses autres nations.

Les nombreux désagréments liés au changement d’horaire

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En effet, à notre époque, ce changement d’heure ne représente plus une véritable économie, notamment du fait de l’apparition d’ampoules à très basse consommation d’énergie ou de l’éclairage public qui s’adapte à la luminosité de son environnement par exemple. Toutes ces nouvelles inventions font tellement baisser la consommation d’électricité générale que le passage à l’heure d’été ou d’hiver ne permet plus d’économiser autant qu’à l’époque du choc pétrolier.

De plus, certains spécialistes soulignent les effets nocifs de ce changement d’heure, notamment sur la santé. En effet, les enfants en bas âge et les personnes âgées, qui sont déjà des publics sensibles, vivent assez mal ces changements horaires, qui troublent leur rythme de sommeil et donc leur niveau d’attention. Ils auraient alors besoin d’au moins une semaine pour se remettre en phase avec leur nouveau rythme. Sans compter que ce temps d’adaptation nécessaire, dont tout le monde a besoin, induit quasiment systématiquement une baisse de la qualité du sommeil voire du temps de sommeil. Les organismes étant plus fatigués, les gens sont alors plus sujets aux accidents, que ce soit sur la route ou au travail par exemple.

Enfin, même les animaux sont des victimes collatérales de ce changement d’horaires. C’est notamment le cas dans l’agriculture où les vaches voient leur heure de traite décalée, ce qui leur provoque une grosse vague de stress. Ce stress a alors pour conséquence de diminuer la quantité de lait produit, mais également de réduire considérablement la qualité de ce lait. Les producteurs laitiers sont donc également fortement pénalisés par ces passages à l’heure d’été ou d’hiver.

Ce sont donc tous ces arguments qui conduisent les gouvernements actuels à se poser la question de l’utilité de garder cette ancienne tradition, qui semble avoir, aujourd’hui, plus d’inconvénients que d’avantages. Dès lors, on est en droit de se demander si le changement d’horaire n’est pas en train de vivre ses dernières heures ?

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