Rémy Joaillier à Besancon
Présentation
Quand on m'a proposé de participer à cette exposition, que j'ai vu les noms, je ne pouvais pas dire non ». Pour Rémy Mouillet, il y a un avant et un après Pékin. Rien à voir avec les jeux olympiques, même s'il a côtoyé là-bas les meilleurs de sa catégorie. D'habitude, il ne sort jamais ou si peu de sa boutique rue Bersot. Ses matchs se jouent à domicile. « Je passe 99 % de mon temps ici, les salons, ce n'est pas pour moi, je n'aime pas me mettre en avant, je suis Franc-Comtois ». Mais on s'enrichit toujours au contact de l'autre. Vingt-deux joailliers français se sont rassemblés pour promouvoir le savoir-faire national auprès du public pékinois, la nouvelle élite chinoise. Une première, un défi pour toute l'équipe de France. Un vrai artiste Martine Floc'hlay est à l'origine de cette exposition baptisée TrésOrs de Paris : « J'ai procédé à une vraie sélection, parmi les 150 ou 200 joailliers que je connais, les 22 retenus font partie des meilleurs, ils ont un savoir-faire parfait. Rémy Mouillet est un vrai puriste, un artiste, un sculpteur. Ses pièces ne sont pas commerciales, il ne fait d'ailleurs que des modèles uniques, c'était l'un des meilleurs du groupe ». Rémy Mouillet en sort conforté dans ses capacités : « Je ne connaissais pas ma valeur par rapport aux autres, maintenant je sais ce que vaut mon travail, cela m'apporte une sérénité ». Mais cela ne l'empêche pas de tousser. « J'accumule les soucis de santé, j'ai tout eu ». Mais il a aussi trouvé un mode d'expression d'exception. « Dans ma recherche professionnelle, je chercherai toujours, même après ma mort ». Et Pékin, c'était comment ? « Hôtel, boulot, hôtel, deux heures seulement à la grande muraille, l'exposition était très prenante. On a présenté nos créations les plus expressives, pas les plus commerciales. Je suis allé pour montrer, pas vendre, j'ai joué le jeu à fond. Ma bague en quartz rose se démarquait de tout le reste ». Celle ornée de fourmis et papillons a aussi retenu l'attention. « Avant la Chine, je faisais des choses artistiques discrètement, depuis j'ai la fierté de pouvoir travailler dans l'art à travers le bijou. Pour moi, c'est un changement radical. J'avais besoin de cela ». Le joaillier ne vit pas en dehors du temps, il sait bien que le parcours de la flamme olympique prend des allures de fiasco : « Contrairement à ce qui se passe en ce moment avec la flamme, on a lié quelque chose d'important à Pékin. On a tissé des liens entre nos deux cultures. ». M. Mouillet ne joue pas souvent à l'extérieur mais quand il se lance, gare. « Avant je m'excusais presque de faire des bagues délirantes, maintenant c'est mon moteur ». Dans le document de présentation du joaillier, on peut lire : « Rémy Mouillet oublie son goût personnel pour s'adapter à celui de sa cliente. Là où un bijoutier créateur cultiverait sa patte, lui crée un non-style, sa collection en est la preuve, très éclectique. . . » Holà, ce n'est pas très sympa tout cela, comme si M. Mouillet n'avait pas de personnalité. Il a pourtant un caractère bien trempé. Un aplomb parfois surprenant. Il revendique cependant son adaptabilité : « Je m'occupe des gens, pas de ma petite image de créateur. On est tous différents, on devrait donc tous avoir des bijoux différents. Dans la marque, on est tous identiques, pour moi ce serait un échec ». Voilà qu'il place la barre encore plus haut : « Je travaille de l'or, on ne le porte pas en bijou et ce n'est pas une sculpture ». Mais il est trop tôt pour en parler, le champion doit encore un peu s'entraîner. Michèle YAHYAOUI © L'Est Républicain - 10/04/2008 - Droits de reproduction et de diffusion réservés L’EST RÉPUBLICAIN 10 Avril 2008Horaires
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