Loisir

La biodiversité en Méditerranée

Par  | 

La biodiversité en Méditerranée est riche, véritable trésor à préserver. Tortues, rorquals ou dauphins, oursins et autres macro planctons : ce sont autant d’espèces à sauvegarder dans nos eaux Méditerranéennes…

Koifaire.com s’est intéressé à l’association Cybelle Planète –association qui lutte pour la préservation de la biodiversité dans le monde- et à son programme de sciences participatives Cybelle-Méditerranée afin d’en savoir plus sur la biodiversité en Méditerranée et sur la possibilité pour tout un chacun de contribuer à la préservation de cet environnement grâce aux sciences participatives.

Mme Céline Arnal, directrice de l’association et du programme s’est donc prêtée au jeu de l’interview.

Jeune globicéphale
Jeune globicéphale

• Koifaire : Mme Céline Arnal, bonjour. Cybelle-Méditerranée est un programme de sciences participatives. Pourriez-vous nous en dire plus à son sujet ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Sciences participatives et comptage en mer : Cybelle Méditerranée est un programme de sciences participatives qui s’intéresse à la biodiversité près des côtes mais aussi au large, bref, à une très grande zone d’étude en Méditerranée.

Les sciences participatives font appel à la participation d’amateurs bénévoles pour la récolte de données. Avec Cybelle-Méditerranée, des plongeurs bénévoles nous aident à collecter des informations sur la diversité des fonds près des côtes. Des plaisanciers, en naviguant, collectent des données plus au large, notamment en ce qui concerne les cétacés ou tortues qu’ils voient depuis leurs bateaux.
C’est grâce à ces données que nous pouvons suivre l’évolution de la biodiversité en Méditerranée.

Présentation de Cybelle Méditerranée

L’origine du programme : L’idée du programme a germé en 2007. C’est en 2009 que le site internet vit le jour. On a fait appel aux contributeurs et on a commencé à collecter des données tout simplement.
A ce jour, près de 500 bénévoles se sont déjà inscrits en ligne !

Mais aussi des missions d’écovolontariat : Nous organisons également des missions en mer tous les étés pour collecter des données au large à partir de voiliers : ce sont des missions d’écovolontariat où nous appliquons les protocoles de Cybelle-Méditerranée. L’avantage est qui il y a un éco-guide formé, qui partage ses connaissances avec les bénévoles !

• Koifaire : Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est la biodiversité, notamment en Méditerranée ? Et quelles espèces sont concernées par votre programme ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
La biodiversité est la diversité des espèces. En Méditerranée, on recense 12 000 espèces. Il est donc impossible d’étudier totalement cette biodiversité…

Nous avons alors décidé de sélectionner une liste d’espèces indicatrices, c’est à dire des espèces dont la présence (ou l’absence) ou dont les variations d’abondance puissent révéler les variations environnementales.
Par exemple, une espèce très sensible aux changements climatiques va potentiellement nous indiquer qu’il se passe quelque chose dans le milieu : si son nombre décline ou augmente, cela sera significatif.

Espèces visibles depuis un bateau
Espèces visibles depuis un bateau

• Koifaire : Quels ont été les critères pour choisir ces espèces indicatrices?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Les critères retenus dans ce choix des espèces indicatrices sont des critères environnementaux :

Espèces thermosensibles ou sensibles : nous retiendrons des espèces thermosensibles ou sensibles à la pollution chimique comme les cétacés.

Cachalot
Cachalot

Espèces « clef de voute » : nous retiendrons également des espèces dites « clef de voute » : c’est-à-dire des espèces au centre de tout un tas d’interactions dans le milieu. Par exemple, des espèces qui, si elles venaient à disparaitre, impacteraient sur d’autres espèces du milieu.

On peut schématiser cela facilement avec 3 types d’animaux :
– les gros prédateurs : les sars ou les daurades par exemple
– les oursins : que les daurades mangent
– Les algues que les oursins mangent

Si les daurades augmentent ou disparaissent, cela aura un impact sur le nombre d’oursins et donc la quantité d’algues !

Sar
Sar

Espèces communes : on a pris également d’autres critères, et en particulier les espèces communes.
On a quelques espèces rares ou en voie d’extinction qui sont paradoxalement de moins bon indicateurs que les espèces communes car aux moindres petites variations, ils vont tout de suite réagir car ils sont beaucoup trop sensibles.
Les espèces communes, elles, sont toujours là et sont moins fragiles et moins sensibles : si leur abondance venait à décroitre, cela voudra vraiment dire quelque chose.

Langouste
Langouste

Espèces emblématiques : on a également choisi des espèces faciles à identifier et sympas comme le mérou ou les poulpes, la collection des données s’adressant à des amateurs.

Poulpe (©J.Gacon)et Mérou (©A.Faure)
Poulpe (©J.Gacon)et Mérou (©A.Faure)

• Koifaire : Comment caractériseriez-vous la biodiversité en mer Méditerranée ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
En mer Méditerranée, la biodiversité est exceptionnelle ! On a un taux d’endémisme (c’est à dire d’espèces que l’on ne trouve qu’en mer Méditerranée) très élevé comparé au reste du monde ! Il y a plus de 80 espèces endémiques, dont le corail rouge, l’araignée de mer, le dalmatien (petite limace de mer), la grande porcelaine, la grande nacre, ou encore le violet !

Certaines ne sont pas spécialement menacées comme le violet. La grande Nacre par contre est réglementée et protégée, tout comme la grande Porcelaine ou le corail rouge…

La biodiversité est vraiment très riche car la mer Méditerranée fait partie des Hot Spots (points chauds) de la biodiversité. Un Hotspot est une des régions les plus riches du monde en termes de diversité animale. En Méditerranée, on y trouve 8% de la biodiversité marine mondiale avec seulement 0.8% de la surface océanique…

Moins valorisée et impressionnante que d’autres, la Méditerranée est tout simplement une mer résolument riche à la diversité exceptionnelle…

Dalmatien et grande nacre
Dalmatien et grande nacre

• Koifaire : Peut-on dire que la biodiversité en mer Méditerranée est aussi fragile ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Effectivement, c’est une mer fragile car fermée, où tout ce qui s’y passe va se faire sur une aire géographique réduite, comme par exemple un trafic maritime intense, des zones localisées de plongée et d’exploitation : tout est beaucoup plus réduit dans l’espace…

Du fait qu’elle soit fermée, les changements climatiques peuvent avoir potentiellement un impact bien plus grand car on ressent beaucoup moins les influences océaniques qui tempèrent et homogénéisent le tout… : si la température monte, elle montera vite en Méditerranée!

• Koifaire : Est-ce que le réchauffement climatique se fait ressentir en Méditerranée ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
En ce qui concerne le réchauffement climatique, on ne peut pas vraiment dire qu’on le ressente encore, même si localement, il y a eu comme en 1999 des crises (ex : blanchiment des gorgones).

Les estimations des scientifiques sont les suivantes : il y a une chance sur deux que d’ici à la fin du siècle on aurait une augmentation de 3 à 4 degrés. Il faut savoir que les espèces marines en Méditerranée supportent des variations de 1 ou 2 degrés…

Il peut y avoir des conséquences, mais ce ne sont que des hypothèses, car aucune étude réelle qui permet de le démontrer n’existe, d’où l’intérêt du programme !

• Koifaire : Pouvez nous nous en dire plus les sciences participatives en générale?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Historiquement, des programmes de sciences participatives dans les milieux terrestres existent depuis de nombreuses années pour certains. Il y a des exemples de programmes qui ont vraiment pesé dans la balance et qui ont permis d’influencer la mise en place de réglementations par exemple…

Il faut savoir que pour démontrer par exemple un changement de biodiversité face à la pollution ou aux changements environnementaux, il faut nécessairement faire un suivi régulier sur plusieurs années et sur un grand territoire…
Il est aujourd’hui difficile voire impossible d’avoir des équipes de milliers de chercheurs…
Les sciences participatives sont alors la solution pour suivre de façon significative l’évolution de la biodiversité. Elles dépendent donc, quel que soit le programme, entièrement de ses bénévoles !

En ce qui concerne Cybelle-Méditerranée, de plus en plus de personnes répondent à l’appel.
Etant un programme jeune, nous espérons que de plus en plus de personnes collecteront des données…

Ecovolontariat et comptage en mer
Ecovolontariat et comptage en mer

• Koifaire : Cybelle Méditerranée est un programme de l’association Cybelle-planete.org. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur Cybelle-planete.org ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Cybelle Planète est une association d’écologie participative. L’objectif est de permettre aux plus grand nombre de citoyens possible de participer concrètement et d’agir pour la biodiversité.

On a 2 types d’actions :

L’écovolontariat : on organise ou on travaille en partenariat avec des projets locaux. On a un catalogue de 22 missions d’écovolontariat un peu partout dans le monde qui sont des programmes de conservation, de recherches sur les espèces et sur la biodiversité locale. Ces programmes vont accueillir des éco-volontaires qui iront sur le terrain pour aider à étudier, suivre et/ou protéger les espèces, faire du comptage par exemple. Ce sont de vraies opportunités d’actions pour les personnes qui veulent aider.

Les sciences participatives avec le programme Cybelle-Méditerranée.

• Koifaire : Comment vous est venue cette idée de créer une association d’écovolontariat ?

Céline Arnal (directrice de Cybelle-Planète) :
Avant de créer cela, j’étais dans le milieu de la recherche. Dans les pays anglo-saxon, l’écovolontariat est très répandu voire normalisé la bas. Il y avait une réelle demande de la part des amateurs et de l’autre côté, les chercheurs bénéficiaient d’un grand nombre de données et ainsi que d’une aide importante de la part des amateurs.

En France, cela ne se faisait pas trop, j’ai donc décidé de créer l’association.
Aujourd’hui, je trouve qu’il y a une réelle évolution des mentalités : le fait d’être citoyens-acteurs est rentré dans les moeurs!

Koifaire.com remercie l’association Mme Céline Arnal pour le temps accordé à notre interview sur la biodiversité de la Méditerranée.
Le site de Cybelle-planète.org : http://www.cybelle-planete.org/
Participer au programme Cybelle Méditerranée : cliquez ici

Note : Toutes les photos proviennent du site officiel de Cybelle-planète ainsi que de son Facebook.

Vous pourriez aussi aimer ces articles...

Laisser une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *